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Remember you...
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  • 2 femmes amoureuses... 12 IADs, 4 FIVs et 1 FC plus tard, on a cru au bonheur, enfin un +, enfin une grossesse... et le 2 septembre 2009, tout s'effondre, notre petit ange Ioannis nait sans vie à 20 SA aprés une césarienne en urgence...
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Remember you...
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1 janvier 2010

Un journal pour mes états d'âme...

Depuis la disparition de notre petit Ioannis, j'ai énormément besoin de parler... de parler de mon fils ou de ce que je ressens....

Pour l'un comme pour l'autre, en dehors de ma compagne (que je veux épargner un peu), de la formidable psy qui nous suit et des mamanges de PE, je n'en parle pas... oh, non pas que je ne veuille pas car j'aime tant parler de mon petitou... mais au mieux notre état psychologique aprés ce deuil commence à indifférer, au pire on devient un peu comme des pestiférées, sait-on jamais, notre drame pourrait bondir sur elles/eux...

Et comme j'ai besoin de témoigner, de m'épancher librement et de faire exister notre fils et peut-être un futur frere ou soeur, je fais naitre ce blog... naitre pour que le souvenir de notre ange perdure...

Et comme actuellement je n'arrive pas à retoucher au récit de sa naissance écrit relativement peu de temps aprés ce 2 septembre 2009, je vous livre celui que j'avais écrit sur Petite Emilie :

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Mercredi 2 septembre. Jour de ma fête, premier jour du cinquième mois... jour de ta naissance sans vie...
16h30 - alors que j'ai du mal à trouver une position sur ce lit d'hopital, je sens soudain un sang chaud s'échapper entre mes jambes... d'une main tremblante, je soulève le drap... le lit se couvre, se remplit de sang... je me mets à appeler à l''aide tout en pleurant.... ma voisine de chambre sonne les sage-femmes, ses parentes en visite paniquent en voyant tout ce sang, je les entends si loin hurler dans le couloir... puis une agitation autour de moi... ça coule, je me vide... je perds mon souffle mais sanglote sans arrêt "je ne veux pas le perdre, sauvez mon bébé"... 3 sage-femmes autour de moi, des aide-soignantes, des visages livides, des mots pressés... "vite vite, on la descend !".
Le lit roule, mes larmes aussi... j'ai froid, j'ai mal, j'ai peur... On me conduit en salle de naissance, je passe aux mains d'autres sage-femmes, la gynéco de garde accourt. On me déshabille, les vêtements collent à ma peau, je sens le sang remonter dans mon dos et dégouliner sur mes jambes.
Je n'entends pas ce que dit la gynéco, je vois une sage-femme de chaque coté, me tenant vigoureusement au niveau des genous pliés. La main de la gynéco approche, gantée, violente. Je discerne d'immenses caillots de sang qu'on sort de mon être.
Une écho portative arrive, je sens le gel froid sur mon ventre, je cherche l'écran du regard mais il est à peine tourné vers moi. Alors je continues à pleurer et à espérer... j'entends "le coeur bat toujours". Ces quelques mots résonnent presque en moi comme des paroles divines. Mon bébé est là, il se bat.
"Mettez-la à coté, en surveillance, on attend de voir si l'hémorragie s'arrête".
Je tente de retrouver mon souffle. En bougeant à peine du lit, on me lave, on nettoie le lit, on change les draps. L'appareil à tension fait un bruit infernal, on me fait prise de sang sur prise de sang.
Lorsque je suis présentable, on fait entrer ma chérie, "en tenue". Je pleure contre elle et on attend. Les minutes et les heures s'écoulent. Les saignements ralentissent.
A 19h, je remonte en chambre. Je n'ai pas le droit de manger ou de boire, au cas où.
Je dis à ma chérie de rentrer se reposer un peu.
Elle n'en aura pas le temps.
21h30, je sens à nouveau un flux important sortir de moi.
Les SF arrivent à toute vitesse, on me redescend en bas. J'ai jste le temps d'appeler ma chérie et de lui dire de vite venir.
Quand je rentre à nouveau en salle, elle est déjà là, tremblante, angoissée.
On me refait un toucher intolérable, je hurle, et je pleure, j'ai l'impression de perdre la tête. Je me mets à vomir et à perdre mon souffle. Ma chérie est tout à coté de moi, sa main dans mes cheveux, l'autre dans la mienne.
On me refait une écho, je discerne mon bébé our la dernière fois.
Et là la gynéco prononce les mots inacceptables... "son coeur est en train de ralentir....". Mon bébé, notre fils, notre bataille se meurt. Et moi avec. On me dit qu'il faut m'opérer d'urgence. Ma chérie craque et pleure. Je crois que j'ai dit que je ne voulais pas, qu'ils devaient le sauver. Impossible... il est en train de mourir. Et moi, on doit me sauver parait-il.
Oserais-je regarder ma chérie et crier que je veux partir avec lui ??
On me prépare pour l'opération. Le temps presse alors mes sentiments, forcément, passent à la trappe pour toute l'équipe.
Je refuse la péridurale. Je ne veux pas vivre crument une naissance sans vie.
Ma douce est forte et pleure déjà son enfant. Elle me dira quelques heures plus tard avoir eu si peur de me perdre.
Je me vois maintenant sur la table, les bras en croix, accrochés. J'ai peur, j'ai froid.
Je me souviens à peine de mon réveil, juste cette panique et cette sensation d'étouffer.
Puis ma chérie est à nouveau là, prés de moi. Je n'émerge pas, j'aimerai rester dans cet état second. J'entends parfois ses murmures tout doux, je sens parfois mes larmes ou les siennes, je sens les aigguilles et je tremble de froid.
J'apprends qu'on a du me transfuser et que je suis sous haute surveillance.
J'apprends qu'on a du pratiquer une césarienne.
J'apprends que notre Ioannis est né sans vie à 22h55.
J'apprendrai plus tard qu'en plus de sauver ma vie de justesse, on a ausi sauvr mon utérus de justesse. J'avais un litre de sang dans l'utérus... mon taux d'hémoglobines est tombé en dessous de 5, soit un tiers de la normale.

quand j'ouvre les yeux, je vois ceux de ma douce, sur moi. Je vois sa souffrance, terrible écho à la mienne.
On demande à voir notre fils.
On nous l'emmène quelques minutes plus tard, il est allongé dans une petite boite, les jambes recouvertes d'une mini couverture. On avait peur de le voir, quand même. Et là, on sanglote doublement devant notre petit Ioannis. Un bébé minuscule mais un bébé si beau... mon dieu, jamais je n'oublierai ce petit nez, ces petites oreilles, cette bouche en coeur... la sage-femme nous dit qu'il est trés beau. Oh oui, qu'il est beau notre ange. Cet instant est gravé en moi à jamais. J'aimerais pouvoir le voir ouvrir ses yeux... on pleure toutes les deux, toute notre vie n'est plus que larmes et chaos...

Mon bébé, mon amour, mon Ioannis... on t'aime tant et pour toujours... tu nous manques, une partie de moi voudrait être avec toi mais je dois rester pour ta maman Marjorie... tu es notre enfant à jamais... tu portes mon nom, tu es reconnu et lundi, nous devrons te voir devenir cendres...
On t'aime Ioannis... on t'aime plus que tout...

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Commentaires
I
J'ai appris il y a peu de temps votre terrible épreuve (à la découverte de votre maison d'édition) et je lis ce texte aujourd'hui.<br /> Il n'y a pas de mots bien sûr, c'est absolument atroce ce que vous avez du vivre.<br /> Je ne peux que vous souhaitez une nouvelle grossesse et un enfant qui, s'il ne vous fera jamais oublié la perte de Ioannis, vous donnera l'espoir en (son) avenir.<br /> Toutes mes pensées,<br /> Muriel
M
Parce qu'après vous avoir lu à l'instant, je manque de mots face la perte tragique de votre bébé ....<br /> <br /> Je vous envoie plein de courage, je reviendrai vous lire ; n'hésitez pas à vous servir de votre blog comme excutoire à cette douleur qui vous ronge toutes les deux...<br /> <br /> Amicalement
A
que c'est dur de lire ca, et comme j'aimerais que ces choses là n'existent pas....<br /> en effet des parents sans leur enfant, ca ne devrait pas arriver....<br /> des amis a nous viennent aussi de perdre un enfant...<br /> j'espere que bientot vous aurez de grands moment de joie, avec un autre enfant, qui n'effacera pas le premier, mais qui vous aidera a voir a nouveau de l'avant.<br /> bon courage a toutes les deux
M
... à vous, à elle, à ses maman meurtries, à vos anges à toutes, à mon ange...<br /> la vie est dure parfois mais si douce d'autre... complexité de nos existence... avec eux et sans eux ... certain diront que de refaire des enfants après en avoir perdu un c'est reporté notre amour de notre ange sur eux... je répondrais oui mais on ne les oubli pas ... qui se souviendra de votre ange dans 10 ans , vous et ell ! c'est le plus important ! c'est le principal ... mon ange à moi est un silence et je me souviens de tout ce qui l'a changé par son arrivé puis son envolée seulement 3 heures après ... Né sans vie, né en vie pour repartir aussi tôt qu'importe notre coeur les porte pour toujours et pendant ces 9 mois il a rendu votre vos vies heureuse ! raccroché vous à tout ces doux souvenirs et continuer de vous battre pour honorer sa vie et le jour ou vous aurez un bébé, un frère ou une soeur pour votre ange vous comprendrez que sa vie, son passage a été si important et que rien ni personne ne vous enlèvera son doux souvenir, votre amour pour lui et son existance ... à part entière vous êtes des mamans meurtrie mais en vie... garder le dans votre coeur comme un trésor, parler ou non de lui ne détruis rien de ce beau passage qu'un ange laisse derriere lui ...<br /> que tout nos anges , nos princes des étoiles veille sur votre petit ioanis ...
G
J'avais déjà lu ton témoignage qui m'avait boulversé...<br /> Cela me touche aujourd'hui encore avec la même intensité... <br /> J'ai du mal à comprendre pourquoi on perd encore des enfants à notre époque... <br /> C'est révoltant, survivre à son enfant..<br /> <br /> Tu as raison d'ouvrir ce blog, histoire de parler.. <br /> <br /> Je te souhaite de réussir à surmonter cette épreuve....<br /> <br /> Beaucoup de courage....<br /> <br /> A bientot
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