Amputée...
Je me sens boiteuse.
Non, je me sens amputée.
Oui voilà, c'est le bon terme... amputée.
Amputée de mon fils, de ma chair... amputée de ma vie... amputée d'envie.
Vous connaissez le syndrome du membre fantôme ?
Moi j'ai le syndrome du ventre fantome...
Et plus le 2 février approche, plus il se manifeste.
La cicatrice me fait parfois un mal de chien... ou tire, tire...
Je sens aussi mon utérus se contracter... comme s'il me criait : hé, pourquoi suis-je si vide ? pourquoi ai-je cette balafre ?
Mon bon ami (ou ennemi ?), non seulement une main froide t'a vidé de mon fils, mais toi même tu as bien failli y passer...
Je t'en veux, cher utérus... est-ce toi qui a fait exploser les digues ou l'ordre est-il venu d'ailleurs dans mon corps ?
En fait, c'est à moi quej'en veux.
On a beau me dire que ce n'est pas ma faute, que j'ai fait tout ce qu'il fallait faire pour sauver cette grossesse, moi je m'en veux.
Je me fais horreur.